Dialogues Interdits – Épisode 5 – Pas Comme Une Chambre À Air !

Dialogues Interdits, ou les conversations subversives et légères de deux personnages. Une série d’histoires complètes, dont les épisodes peuvent se lire dans n’importe quel sens.
Chaque samedi matin à 9 H, retrouvez un nouvel épisode de Théo Kosma.

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– Pourquoi tu t’arrêtes ?
– Regarde cet homme.
– Quoi, il te plaît ?
– Je ne te parle pas de son apparence mais de ce qu’il fait.
– Heu… eh bien quoi ?
– Eh bien donc. Que fait-il ?
– Tu ne le vois pas ? La chambre à air de son vélo est crevée et il la remonte. Passionnant. Est-ce que le soleil a trop tapé sur ta caboche ?
– Observe-le mieux, tu vas comprendre. Enfin, tu devrais. Regarde bien le mouvement.
– Bon. Je regarde, je regarde, je regarde… Je m’arrête au deuxième bâillement.
– Qu’est-ce qu’il fait avec cette pompe ?
– Avec sa pompe, il pompe. Que faire d’autre avec une pompe ? Tu devrais me dire où tu veux en venir plutôt que d’enchaîner les devinettes à deux sous. J’ai l’impression d’être dans un épisode des Shadoks.
– Son mouvement est répétitif. Monotone, toujours le même. Toi-même, ça t’ennuie de le regarder.
– Maintenant c’est lui qui nous regarde. Il va croire qu’il nous intéresse. Nous ferions mieux de partir.
– Partons, tu en as assez vu. Tu as constaté que pomper était barbant. Si tu reproduis ça avec un garçon, si tu lui fais ça de la même façon qu’on regonfle une chambre à air, tu te limites bien trop. Tu lui offres un yaourt en dessert plutôt qu’une pâtisserie de luxe.
– Encore que la fin offre une plus belle surprise que lorsqu’on regonfle une chambre à air de vélo ou qu’on mange un gâteau…
– L’éjaculation, tu appelles ça une surprise ?
– Toujours. Je suis toujours aussi surprise comme si c’était la première fois. Rien n’est jamais exactement pareil. La texture, la substance, la quantité… puis bien sûr le goût et l’odeur. Même quand c’est avec le même amoureux, selon sa forme et surtout ce qu’il a mangé ces jours-ci, le résultat reste unique.


– Possible… Je vais moins souvent jusqu’au bout que toi.
– Au fait, qui te dit que je donne de la bouche comme on pompe un vélo ?
– L’autre soir avec Patrick tu n’étais pas très discrète. Et tu avais laissé la porte entrouverte.
– Et tu as préféré regarder plutôt que la refermer.
– Ah, ça va hein ! Tente le diable et plains-toi ensuite d’en avoir vu les cornes.
– Oh non, je n’avais rien vu du tout.
– Puis réjouis-toi, si je n’avais rien vu je n’aurais jamais pu te donner cette petite leçon. À moins que tu me trouves vexante ?
– Non. Seulement, tu te trompes. Il a pris son pied, et j’ai pris le mien.
– Tant mieux ! Vous êtes des jouisseurs faciles. Si vous aimez autant avec une caresse si simplement commise, qu’est-ce que ce sera quand vous serez plus expérimentés.
– Pourquoi « vous » quand c’est la fille qui fait tout le boulot ?
– Tu verras, sur ce point aussi tu changeras d’avis ! Selon la façon dont le partenaire bande, les mouvements de son bassin, ses mots, son souffle, et puis tout ce qu’il peut te faire lui pendant que tu lui fais ça…
– Ah, je croyais que tu songeais au gars qui te tient la tête et te la manipule du début à la fin.
– Là, c’est encore un autre univers. C’est généralement moins bien, même si ça peut avoir du charme. Parfois.
– Moi je déteste. Gare à l’amant qui tentera… remarque, si j’en croise un je lui transmettrais ton numéro.
– Tout ça pour dire que si tu ne donnes qu’un mouvement de pompe à vélo, tu n’éduques pas le garçon et tu ne te fais pas plaisir. Ou moins que tu ne le pourrais.
– Je reproduis ce que je vois dans les pornos.
– C’est que tu n’as pas vu de bons X ! Laisse tomber Youporn et compagnie. Éloigne-toi du porno choc et laisse-moi te faire découvrir le porno chic. C’est ça qui m’a appris toutes ces subtilités.
– Avec plaisir. On ira sur Internet ce soir pour que tu me montres ? Tu aurais dû me faire voir depuis bien longtemps.

– C’est que j’ai découvert ça que très récemment.
– Menteuse ! Tu voulais garder ça pour toi.
– Si c’était le cas je t’en aurais pas parlé, et je ne me serais pas arrêtée pour te montrer le cycliste.
– Ça va… je plaisante… Je me demande pourquoi tu parles d’éduquer le garçon.
– Élémentaire ma chère ! Un partenaire, ça s’éduque. Donne-lui des plaisirs inventifs et délicats, il sera lui aussi inventif et délicat. Fais ta bourrin, il te bourrinera.
– Remarque, ce n’est en rien déplaisant.
– À condition de le choisir ! Bourrinage choisi, d’accord. Bourrinage subi par manque de choix, parce que c’est la seule possibilité, là non !
– Admettons. Et quelles sont ces folles techniques que connaît la reine du sexe ?
– Faut pas chercher midi à quatorze heure. Je parle de petites astuces toutes bêtes. Des succions, des coups de langue, prendre en compte l’ensemble de l’appareil, cochonnets compris, un art du décalottage-recalottage…
– Admettons encore. Tu admettras de ton côté, j’espère, que sur la fin il est bon de pomper.
– Précisément. Pomper dès le début, c’est tout centrer sur l’aboutissement, comme si tu voulais que ce soit déjà fini.
– N’empêche, tu aurais pu me le dire de but en blanc. On n’avait pas besoin de l’image du cycliste.
– Détrompe-toi, une image vaut mille mots. Mes conseils se seraient bien vite envolés de ton esprit. Grâce à l’image de cet homme à genoux devant son vélo…
– …à genoux !
– …ils te resteront gravés. Les illuminations bouddhistes arrivent souvent ainsi. On est dans le petit quotidien, et tout à coup hop ! Une rencontre, une vision, un petit rien survient et tout change.
– Tu as une façon bien à toi de vivre le bouddhisme.
– Je t’assure, ce genre d’expériences est très lié à ce que j’ai lu dans la biographie du Bouddha.
– Tu pourras sortir ce que tu veux ! Je n’ai jamais entendu dire que le Dalaï Lama était un suceur de première.
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